Le travail en mutation

Le monde du travail n’a jamais cessé de se transformer. Aujourd’hui, ces changements résultent de différents facteurs : le changement climatique, la numérisation, la transformation des valeurs et des normes sociétales, les innovations technologiques et les pandémies. Ces différents éléments ainsi que d’autres urgences écologiques et sociales ont conduit à l’idée générale de la durabilité et à des programmes d’application concrets du Développement Durable. En même temps, le monde du travail influence lui aussi ces urgences. Les processus de travail utilisent des ressources et de l’énergie ; ils génèrent des déchets et des émissions. Le monde du travail peut pour sa part amener des innovations en faveur d’une économie plus durable. Il y a donc des rapports de réciprocité complexes.

Introduction

Les informations suivantes sur l'EDD sont disponibles en PDF: Pertinence EDD

éducation21 souhaite permettre au personnel enseignant et aux institutions de formation d’avoir facilement accès à l’EDD au niveau de leur pratique. Outre les questions de fond se rapportant au sujet, il est primordial de prendre conscience des urgences écologiques et sociales qui contribuent à la pertinence du thème. Il s’agit aussi de se demander quelle est l’importance du sujet dans le quotidien concret des apprenant.e.s.

1. Pertinence EDD

Comment les urgences écologiques et sociales influencent le monde du travail : l’exemple du changement climatique Les influences directes du réchauffement climatique sur le monde du travail sont diverses, complexes et présentent de nombreuses interactions. Prenons l’exemple de l’agriculture dans l’hémisphère Sud: des périodes de sécheresse plus longues et des événements météorologiques extrêmes plus fréquents réduisent la récolte ; le corps humain souffre de la température plus élevée, la productivité au travail recule et le rendement baisse. Les moyens de subsistance de nombreuses personnes, surtout dans les pays de l’hémisphère Sud, ne semblent plus garanties. Cela peut induire des mouvements migratoires vers des milieux urbains où de nouveaux défis apparaissent : d’innombrables personnes se débrouillent avec des travaux journaliers et ont du mal à payer leur nourriture, même dans les villes. Trouver un lieu d’habitation approprié s’avère également compliqué pour elles. En raison de la hausse de la population dans de nombreuses villes du globe – une tendance que l’on ne peut pas mettre uniquement sur le compte du changement climatique – de nombreux secteurs professionnels sont confrontés à de nouveaux défis, en particulier l’approvisionnement en eau et en énergie, les canalisations, les installations sanitaires, les voies de transport ainsi que les systèmes de santé et le dispositif social. Si l’on veut que la population puisse supporter tant bien que mal les températures en hausse, il faut des innovations dans l’industrie du bâtiment et en matière d’urbanisme. Dans de nombreuses villes où le béton et l’asphalte occupent une large place, le thermomètre atteint déjà aujourd’hui en plein été des valeurs dangereuses pour la santé. Le changement climatique influence aussi les emplois de manière indirecte. L’urgence écologique débouche sur de nouvelles technologies qui transforment elles aussi le monde du travail. L’industrie automobile est un exemple typique. Selon la plateforme – l’avenir de la mobilité en Suisse, le passage d’un moteur à combustion à un moteur électrique plus durable a deux sortes de conséquences. D’une part, la production de moteurs électriques nécessite en comparaison des moteurs à combustion d’autres étapes de travail et donc de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances. D’autre part, la production de moteurs électriques requiert moins d’étapes (compliquées), ce qui signifie éventuellement une forte diminution du travail humain. Il en va de même pour l’éducation. Les effets du changement climatique sont multiples et graves. L’éducation peut fournir une contribution pour une meilleure compréhension de la complexité du sujet et influencer par exemple le mode de vie et de travail personnel ainsi que le choix d’une profession ou d’une filière d’études. Ici aussi, il y a lieu de s’interroger : quelles sont les connaissances et quelles sont les compétences exigées aujourd’hui et demain par un développement durable et quelle doit être la contribution des institutions de la formation ? Autres influences sur le monde du travail : numérisation, valeurs et normes La révolution numérique (le monde du travail 4.0) a en outre pour effet que de nombreuses tâches ne sont plus exécutées par des humains mais par des algorithmes ou des intelligences artificielles (IA) ; du moins que ces derniers épaulent le travail humain. L’ampleur de cette évolution ne peut pas encore être estimée. Fondamentalement les valeurs et les normes évoluent et marquent la façon de penser dans la société et donc le monde du travail. Il s’agit notamment d’une prise de conscience accrue de la santé individuelle, des possibilités de concilier travail et vie de famille, l’égalité entre femmes et hommes, la quête du sens de son propre travail ainsi que l’attitude personnelle en matière de consommation et le mode de vie dans son ensemble. Comment la production et la consommation contribuent aux urgences écologiques et sociales Nos pratiques économiques influencent également notre travail. La mondialisation surtout a contribué au cours de ces dernières décennies à un changement et a influencé fortement les défis actuels d’ordre social et écologique. Nous consommons aujourd’hui davantage de produits qui ont été fabriqués dans des pays lointains où les conditions de travail sont mauvaises et où la production est problématique du point de vue écologique. Ou alors, ces mêmes pays servent de fournisseurs pour nos industries et nos services, notre système économique et nos emplois. À côté de la production, il y a lieu de mentionner aussi le comportement individuel en matière de consommation : conditionné par un système capitaliste, il se caractérise par une surabondance extrême. Celle-ci pousse de son côté à acheter toujours plus de biens, alors que dans d’autres régions, les gens manquent de l’indispensable. On ne peut en aucun cas parler ici de durabilité sous un angle social. Mais les conditions de production influencent elles aussi l’environnement. Une raison en est les polluants émis par la production industrielle, l’élevage de masse dans l’agriculture ou le trafic des biens et des personnes : les polluants s’échappent dans l’atmosphère et contribuent au changement climatique. Conclusion Dans une perspective de développement durable, ces réflexions mettent en lumière l’imbrication du monde du travail et de questions d’ordre écologique, économique et social. Elles montrent également que notre système économique, nos modes de production et de consommation et les modes de travail qui en découlent doivent être repensés dans l’optique d’un développement durable. Un tel développement tient compte d’une part des limites planétaires et d’autre part des besoins fondamentaux de tous les êtres humains. Il apparaît clairement aussi que les transformations du monde du travail n’obéissent pas à une loi naturelle : les urgences écologiques influencent le travail et sont influencées à leur tour par la société et l’économie. La question nous concerne donc toutes et tous : à quoi pourrait ressembler un monde du travail plus durable ? « Le travail en mutation » comme sujet pour l’école et l’enseignement Pour les apprenant.e.s, il est particulièrement important de se demander ce que le travail – considéré sous l’angle local, mondial et historique – signifie et à quoi ressemblera à l’avenir le monde du travail ou, plus précisément, à quoi il pourrait ressembler dans une perspective de développement durable. La transformation du monde du travail n’est pas seulement commandée par les innovations technologiques ou les défis économiques. Nous, les humains, décidons de la manière dont nous produisons, consommons, travaillons, vivons et les apprenant.e.s, puisqu’ils et elles font partie de la société, peuvent contribuer à influencer ce changement. Les discussions et les représentations abordées à l’école posent des bases pour l’avenir. Il faut aussi dire qu’au quotidien les apprenant.e.s sont entouré.e.s par le travail. Elles-mêmes et eux-mêmes travaillent du fait d’apprendre et d’étudier ; les acteurs et actrices de l’éducation et de nombreux adultes dans leur entourage travaillent. Chaque vêtement porté, chaque aliment consommé, chaque chaise sur laquelle elles et ils sont assis.e.s est issu.e.s d’un travail. Autrement dit : vu ainsi, le travail est l’histoire des objets dans notre quotidien. C’est pourquoi une approche de ce sujet axée sur les compétences est judicieuse pour les apprenant.e.s. Ainsi elles et ils apprennent notamment à prendre des décisions (par ex. concernant le choix d’une profession), à s’interroger sur leurs propres valeurs et à se positionner dans un monde en constante évolution. Les premiers cycles scolaires peuvent eux aussi aborder le thème du « travail en mutation » et réfléchir à la durabilité. À l’école enfantine, il est clair pour beaucoup d’élèves qu’eux-mêmes jouent et que les adultes travaillent. Dans leurs jeux, les enfants imitent souvent les adultes de leur environnement social ou ils s’inspirent de métiers qu’ils connaissent à travers les histoires ou qu’ils retrouvent dans leurs jouets. Le choix du métier de policier.ère se place ainsi souvent en tête de liste chez beaucoup d’enfants, même s’ils ne savent pas exactement ce que fait un.e policier.ère. Beaucoup rêvent aussi d’être instituteur.trice, ce qui s’explique sans doute par le fait qu’ils côtoient chaque jour ce métier. Bien que de nombreux parents télétravaillent régulièrement aujourd’hui, les enfants en restent aux choix de métiers classiques. Beaucoup ne reconnaissent pas comme un travail le fait que leurs parents tapent sur l’ordinateur à la maison ; ils ne saisissent pas la nature des métiers actuels. Malgré tout, il est possible de réfléchir avec les enfants de ces cycles scolaires sur ce qu’ils aimeraient faire un jour comme travail. Ou à ce qui se produirait si quelque chose changeait dans le monde du travail. Se demander comment se présenterait une vie ou une société sans travail peut déjà susciter des échanges très riches et créatifs. Il en va de même des questions touchant à l’équité dans le monde du travail. Pourquoi certaines personnes gagnent-elles plus que d’autres, pourquoi certains métiers sont-ils considérés comme des métiers masculins ou féminins, pourquoi toutes et tous ne doivent pas travailler le même nombre d’heures et pourquoi, où et sous quelle forme le travail des enfants existe-t-il dans le monde : tout cela peut être le point de départ d’une réflexion captivante. À plus forte raison si l’on se demande dans quelle mesure ces différents aspects changent ou devraient changer. Tous ces éléments contribuent à donner à l’enseignement une perspective EDD.

2. Questions EDD et compétences EDD

Questions EDD Les questions EDD énumérées ci-dessous se caractérisent par leur complexité. Cela signifie que les réponses ne sont pas soit bonnes soit mauvaises, mais qu'elles doivent être discutées. C'est pourquoi ces questions peuvent servir de base à des discussions, des activités, des projets ou autres en classe ou au niveau de l’institution de formation. Niveau individuel: Que signifie le travail pour moi ? Comment les apprenant.e.s peuvent-ils ou peuvent-elles influencer la transformation du monde professionnel dans le sens d’une société plus durable ? A quoi devrait ressembler le quotidien professionnel pour faire du bien physiquement et psychiquement aux travailleurs et travailleuses ? Quelle est l’importance d’un revenu élevé ?   Niveau de la société: Comment les facteurs environnementaux, économiques et sociaux influencent-ils le monde du travail et comment devons-nous y réagir ? De quels types de travail une société plus durable a-t-elle besoin ? Quelles professions, qui existent déjà aujourd’hui, favorisent un développement durable et comment certaines professions pourraient-elles évoluer à cet égard ? A quoi ressemblerait un monde professionnel plus durable ? Quelles sont les compétences et les connaissances qui devraient être transmises à l’école, de manière à ce que les apprenant.e.s puissent apporter leur contribution, sous forme de travail, à une société plus durable ? Comment la numérisation du monde du travail peut-elle influencer l’environnement, la société et l’économie dans le sens d’un développement plus durable ? Quelle est l’influence de l’égalité entre femmes et hommes sur le monde du travail et la société ? Compétences EDD selon éducation21 Mener une réflexion approfondie sur l’évolution du travail permet d’exercer des compétences spécifiques en EDD. Pour pouvoir saisir la complexité de la mutation du travail, il faut un savoir de base. Plus ces connaissances sont étendues, plus les différentes perspectives du sujet apparaissent. Un.e agriculteur.trice dont les rendements reculent en raison des changements climatiques voit le monde du travail d’un autre œil que le directeur ou la directrice d’une entreprise de construction en ville qui s’est spécialisé.e dans les bâtiments durables. Dans le meilleur des cas, les élèves parviennent à voir le lien entre l’agriculteur.trice et l’entrepreneur.e. Une pensée en systèmes est ainsi encouragée. Quant à la capacité d’anticiper, elle aide à développer des visions de l’avenir dont devraient bénéficier les deux exemples énoncés plus haut. Comme il n’existe pas une seule bonne solution, il est nécessaire de développer une pensée critique et constructive, afin de pouvoir évaluer d’autres manières de penser. Les discussions axées sur un monde du travail plus durable ne peuvent être fructueuses que si l’on respecte l’opinion d’autrui et que l’on cherche ensemble des solutions. Il se peut que le sujet n’en reste pas au niveau de la discussion mais qu’il entraîne des actions concrètes, par exemple sous la forme d’une nouvelle orientation professionnelle. Cela signifie que les élèves et les jeunes en formation prennent en compte leur responsabilité envers elles-mêmes et eux-mêmes et la société par le fait qu’elles et ils réfléchissent sur leurs valeurs.

3. Mise en œuvre en classe

Prendre pour thème d’enseignement l’évolution du monde du travail et la compréhension du travail est pertinent et peut être mis en œuvre à tous les niveaux scolaires. Si les élèves ou les apprenti.e.s sont réuni.e.s dans la salle de classe, il est possible de commencer par une question ciblée : dans quels objets et ustensiles y a-t-il du travail ? On entre ainsi dans le sujet et, d’autre part, on établit un lien direct avec le quotidien des élèves. Elles et ils prennent conscience que l’établissement scolaire ou de formation et les différentes salles ont été construites, que les tables et les chaises ont été fabriquées, que leurs vêtements ont été confectionnés et que leur nourriture a été produite, préparée et transportée. Elles et ils se rendent aussi compte, parfois grâce à des questions précises de l’enseignant.e, qu’elles et ils effectuent aussi un travail chaque jour à l’école en tant qu’apprenant.e.s. En abordant la question d’un monde du travail plus durable, les élèves et les jeunes en formation développent et entraînent un grand nombre de compétences. C’est une réflexion constructive et dialectique sur leur opinion personnelle et celle des autres qui occupe ici une place prioritaire. Et comme le monde du travail concerne l’ensemble de la société sur le plan local, mondial et historique, les élèves et les jeunes développent leur capacité de penser en systèmes. Idéalement, cette démarche privilégie un apprentissage centré sur la découverte. Les idées et les activités suivantes peuvent être réalisées dans ce cadre : Organiser une promenade avec la classe dans le village ou le quartier ; observer les personnes rencontrées et s’interroger, le cas échéant, sur le travail qu’elles font. À partir de là, il est possible de se demander dans quelle mesure ce travail pourrait changer en raison du réchauffement climatique ou pour d’autres motifs et de s’interroger sur son importance pour une société plus durable. Inviter des parents ou des représentant.e.s de différents métiers pour parler de leur travail (rémunéré et non rémunéré) et expliquer dans quelle mesure celui-ci est en train de changer ou pas et pour quelles raisons. Effectuer une recherche ou un reportage sur de (nouveaux) métiers verts. Réaliser un jeu de rôle sur un sujet concret (par ex. construire une maison d’habitation plus durable) ; différents protagonistes ont des besoins et des intérêts divergents concernant leur travail au quotidien et en discutent. Au moyen d’un jeu de rôle (par ex. : agriculteur.trice, responsable d’une entreprise de construction, conducteur.trice de camion, éducateur.trice), prendre conscience des interactions entre l’environnement, la société et l’économie d’une part, le travail d’autre part. Inviter des personnes d’un certain âge pour qu’elles expliquent comment se présentait pour elles le quotidien scolaire ; discuter avec elles de la raison des changements dans l’école et se demander comment l’école devrait continuer d’évoluer dans le sens d’un développement plus durable. En s’intéressant à différentes conditions cadre, prendre conscience de la façon dont elles se répercutent sur l’activité effectuée et la productivité au travail (pression, exigences, volume sonore, température, etc.). À partir des modèles climatiques, se demander comment telle ou telle région (du monde) changera à cause du réchauffement climatique et discuter des dangers et des possibilités qui en résultent pour le travail des personnes sur place (par ex. mouvements migratoires, extension des sols non fertiles ou fertiles). Visiter une entreprise agricole et discuter avec les paysan.ne.s de quelle manière leur profession change ou changera. Prendre contact avec des urbanistes et discuter de leurs réflexions concernant des pratiques plus durables en matière de développement urbain. Sortir de la classe, observer une fourmilière et documenter l’organisation du travail, la collaboration entre les fourmis. Prendre le calendrier scolaire comme point de départ. À quoi servent les vacances ? Quelle sera la situation quand nous aurons un emploi ? Quelle était la situation pour mes grands-parents ? Comment la scolarité/l’exercice de la profession sont-ils organisés dans d’autres parties du monde ? Pourquoi avons-nous cette répartition ? Rédiger une charte éthique pour la profession future : quels sont les aspects importants pour moi, pour mes collègues, pour l’entreprise, pour notre profession, pour la société, pour l’environnement ? Étudier la séquence du travail à la chaîne dans le film de Charlie Chaplin « Les temps modernes » (1936). Discuter des avantages dans le contexte de la révolution industrielle et des inconvénients pour la santé et la sécurité au travail. Discussion sur le télétravail et le travail à domicile ; quel est leur rôle dans la transformation actuelle du travail. Il convient de prendre en compte les métiers sans télétravail ou travail à domicile. Discuter des tendances actuelles concernant la vie privée et la vie professionnelle : beaucoup de jeunes ne veulent plus travailler à 100 % et souhaitent avoir davantage de temps libre. En outre, la plupart des études montrent qu’après la naissance d’un premier enfant, les mères réduisent en général leur taux d’occupation, mais pas nécessairement les pères. Comment cette situation va-t-elle changer ou devrait-elle changer ces prochaines années dans le sens d’un développement plus durable ? Comparer le travail des enfants et les droits humains dans le monde et concevoir des solutions possibles.

4. Mise en œuvre dans toute l’école

Les changements que connaissent le travail et le monde du travail influencent nécessairement aussi l’école en tant qu’institution. D’une part parce que l’on y travaille, d’autre part parce qu’elle forme la main d’œuvre de demain, ce qui a une influence déterminante. Il y a donc lieu de se demander ce que l’école ou l’entreprise formatrice peut faire pour préparer au mieux les élèves et les jeunes en formation à leur avenir professionnel dont on ne peut encore que deviner les pourtours. Les propositions suivantes peuvent ainsi aider à encourager une réflexion approfondie au niveau de l’école ou de l’institution de formation : Sous la forme d’une semaine axée sur un projet, tester des formes d’enseignement ou des travaux innovants susceptibles d’encourager des compétences pour une société plus durable. Construire ou planter quelque chose dans l’école ou dans l’entreprise formatrice, à côté ou aux alentours, en utilisant les possibilités et les moyens dont on disposait par exemple il y a 200 ans. Analyser ensuite ce qui a changé et ce qui changera encore et pourquoi. Avant tout sous l’angle de la durabilité. Service Learning : effectuer une mission au profit de la commune sous forme de travail non rémunéré et réfléchir à quel point le travail non rétribué est important pour la société ou le deviendra. Organiser une discussion avec des représentant.e.s de différentes branches sur le thème de la transformation du travail. Inviter des représentant.e.s de différentes entreprises qui gèrent (souhaitent gérer) leur entreprise de la manière la plus durable possible. Collaborer avec des entreprises locales afin de permettre aux apprenant.e.s d’effectuer des journées d’essai dans des professions vertes. Formation continue consacrée à un management plus durable et plus bienveillant. Mettre sur pied un « Marché des métiers » permettant aux personnes en formation de présenter un métier d’avenir qu’elles sont en train d’apprendre. Il peut être traité sous l'angle du "changement climatique", de la "reconversion écosociale" : l'école amène une réflexion et des informations sur la manière dont les métiers évoluent en raison du changement climatique (énergie renouvelable, rénovation des bâtiments...), en invitant une entreprise concernée, par exemple. « Lifelonglearning » : au regard des changements dans le monde du travail, mener une réflexion au sein de l’école sur l’apprentissage tout au long de la vie : comment l’école peut donner le goût de l’apprentissage aux jeunes ? Comment proposer une expérience d’apprentissage scolaire positive et encourageante?

publié le 23.02.2023

CYCLE 1

Liens au PER L'élève est capable de ...   SHS 11 — Se situer dans son contexte spatial et social (1). SHS 12 — Se situer dans son contexte temporel et social (7). FG 16-17 — Reconnaître l'incidence des comportements humains sur l'environnement. Capacités transversales : collaboration, communication, stratégies d'apprentissage, pensée créatrice, démarche réflexive.
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Exemples de pratiques
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Activités pédagogiques d'intervenants externes
	L'école à la ferme (Association romande L'école à la ferme) Ce programme permet aux élèves d’acquérir une meilleure compréhension du monde agricole et de l’environnement dans lequel ils vivent. Il suscite la réflexion sur le travail des agriculteurs.trices dans un contexte d'interactions entre l'économie, l’environnement et ses aléas météorologiques, le respect des normes en vigueur pour la protection de l’environnement et le bien-être des animaux ainsi que de la qualité de la vie au sens global.

CYCLE 2

Liens au PER L'élève est capable de ...   SHS 21 — Identifier les relations existant entre les activités humaines et l’organisation de l’espace (3,4,5). SHS 22 — Identifier la manière dont les Hommes ont organisé leur vie collective à travers le temps, ici et ailleurs (4). SHS 25 — Éveiller aux sens des valeurs humanistes et religieuses et identifier le fait religieux (2). FG 26-27 — Analyser des formes d’interdépendance entre le milieu et l’activité humaine. Capacités transversales : collaboration, communication, stratégies d'apprentissage, pensée créatrice, démarche réflexive.
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Ressources pédagogiques et films
	Pourquoi les limaces n'ont pas de pattes (film et matériel pédagogique) Les limaces travaillent dans une grande entreprise dirigée par les insectes. En comparaison des autres employé.e.s, les abeilles, les limaces sont plutôt lentes et sociables. Elles ne sont pas seulement peu productives mais cultivent aussi leurs intérêts personnels durant les heures de travail.
Exemples de pratiques
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Activités pédagogiques d'intervenants externes
	L'école à la ferme (Association romande L'école à la ferme) Ce programme permet aux élèves d’acquérir une meilleure compréhension du monde agricole et de l’environnement dans lequel ils vivent. Il suscite la réflexion sur le travail des agriculteurs.trices dans un contexte d'interactions entre l'économie, l’environnement et ses aléas météorologiques, le respect des normes en vigueur pour la protection de l’environnement et le bien-être des animaux ainsi que de la qualité de la vie au sens global.

CYCLE 3

Liens au PER L'élève est capable de ...   SHS 31 — Analyser des espaces géographiques et les relations établies entre les hommes et entre les sociétés à travers ceux-ci (3,4). SHS 32 — Analyser l'organisation collective des sociétés humaines d'ici et d'ailleurs à travers le temps. SHS 35 — Analyser la problématique éthique et le fait religieux pour se situer (2). FG 33 — Construire un ou des projets personnels à visée scolaire et/ou professionnelle. FG 36 — Prendre une part active à la préservation d'un environnement viable. FG 37 — Analyser quelques conséquences, ici et ailleurs, d'un système économique mondialisé. Capacités transversales : collaboration, communication, stratégies d'apprentissage, pensée créatrice, démarche réflexive.
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Ressources pédagogiques et films
	Le pouvoir du design (film et matériel pédagogique) Le film fait le portrait d’une nouvelle génération de designers qui sont conscient.e.s de la destruction de l’environnement et du changement climatique. Il soulève une question : en quoi le design peut-il contribuer à résoudre les problèmes qu’il a en partie lui-même créés.
	Esclaves (film et matériel pédagogique) Abuk, une fillette de 9 ans et Machiek, un garçon de 15 ans originaires tous deux du Soudan du Sud ont été victimes de l’esclavage d’enfants et de la traite des êtres humains. Dans le film, ils racontent leur histoire bouleversante.
	The Lonely Orbit (film et matériel pédagogique) Le film "The Lonely Orbit" permet aux élèves de réfléchir à leurs propres interactions sociales dans le monde réel et numérique et d’en peser les chances et les obstacles. En outre, le film offre la possibilité de discuter de l'influence des conditions sociales sur la solitude et la santé psychique.
	Angelus novus (film et matériel pédagogique) Une famille de réfugiés d’origine afghane est arrivée depuis peu en Turquie où elle s’est installée provisoirement. Ali, un garçon d’environ neuf ans, va à l’école. L’après-midi, il travaille comme cireur de chaussures avec son frère cadet Mohammad afin de gagner un peu d’argent pour vivre et financer la suite du voyage.
	The True Cost (film et matériel pédagogique) La version courte du documentaire met l’accent sur les mécanismes économiques et psychologiques de l’industrie du « Fast fashion » et les conditions de travail des ouvrières et ouvriers du textile au Bangladesh.
	IA de l'avenir Ce jeu de rôle (durée 1 période) peut être une activité d'amorce. Les élèves sont amenés à réfléchir aux enjeux entourant l'utilisation de l'intelligence artificielle et à son impact sur le marché du travail. Ils sont amenés à élaborer une pensée critique à travers des mises en situation.
	like2be-Quel job convient à quelle personne? (jeu) L'objectif de ce jeu en ligne avec outils d'accompagnement est de promouvoir des choix de carrière tout en questionnant les stéréotypes de genre, de soutenir les apprenant.e.s dans leur orientation professionnelle en milieu scolaire et les amener à réfléchir à leurs capacités, intérêts et souhaits au-delà des stéréotypes.
	Découvrir le monde du café Le café est central pour le marché du travail global: plusieurs millions de personnes y sont engagées dans les secteurs de la culture, de la transformation, du transport de la vente et du marketing. Le travail et les perspectives des producteurs.trices de café au Népal sont au centre de ce dossier pédagogique.
	Interroger l'égalité filles-garçons par le théâtre (jeu) Les élèves collaborent avec leurs camarades pour analyser des situations concrètes, présentées dans les vidéos de manière interactive et sous forme de scenarii, et s'interrogent sur les rapports de force liés au genre face à l'accès au monde du travail.
Exemples de pratiques
	La forêt de montagne permet aux jeunes de se dépasser  Les élèves découvrent les différents travaux liés à l’utilisation de la forêt,  observent les effets du changement climatique sur la forêt de montagne et prennent conscience des différents aspects de l’entretien de la forêt et des exigences que cela comporte à proximité d’une région habitée. Dans le rôle de travailleurs.euses forestiers.ères actifs.ves poursuivant un objectif clairement défini pour la semaine, les participant.e.s n’ont pas ménagé leurs efforts.
	Soutenir la transition école-métier à l’échelle d’un quartier Le Paysage éducatif du quartier de Grand-Vennes à Lausanne vise le  développement de compétences socioprofessionnelles et personnelles des élèves entre 12 et 16 ans. La Ville a décidé de favoriser et préparer la transition entre l’école et le monde professionnel. La collaboration entre les différents acteurs, comme l’école, le centre d’animation, les entreprises, les politiques cantonales et communales a permis d’aboutir à différents projets et actions.
	Quand l'école se transforme en ville Restaurants, concerts, artisanat, jardinage, interventions d’acteurs.trices externes mais aussi un service d’entretien et une monnaie propre à l’évènement; le collègue vit pendant trois jours comme une ville à part entière. Une façon, entre autres, d'ancrer dans la réalité socio-professionnelle.
Activités pédagogiques d'intervenants externes
	L'école à la ferme (Association romande L'école à la ferme) Ce programme permet aux élèves d’acquérir une meilleure compréhension du monde agricole et de l’environnement dans lequel ils vivent. Il suscite la réflexion sur le travail des agriculteurs.trices dans un contexte d'interactions entre l'économie, l’environnement et ses aléas météorologiques, le respect des normes en vigueur pour la protection de l’environnement et le bien-être des animaux ainsi que de la qualité de la vie au sens global.
	Téléphones portables et droits de l'enfant (Terre des Hommes Education) Les élèves démontent des téléphones usagés et analysent leurs composants. L'or et d'autres métaux précieux tissent alors un lien entre la dure réalité des orpailleurs et la situation en Suisse, liée à l'industrie du raffinage. Les élèves de 13 à 15 ans défendent alors dans un jeu de rôle la position d'un.e acteur.trice de la chaîne de production d'un téléphone.
	Industries textiles et droits humains (Amnesty International section suisse) L'industrie textile est analysée sous l'angle du processus de fabrication d'un t-shirt. Cet objet usuel, par où transite-il? Que signifie "Made in Bangladesh"? Les élèves répondent à ces questions tout au long de l'atelier, à l'aide de témoignages inspirés de situations réelles. Ils identifient les étapes de la chaîne de production et ses acteurs.trices.
	Semaines de projet en forêt (Atelier forêt de montagne) Sous la conduite de professionnel.le.s de la forêt formé.e.s pédagogiquement, les participant.e.s effectuent différents travaux utiles à la gestion durable des forêts de montagne: soin aux jeunes peuplements, abattage d'arbres, réfection de sentiers ou de murs, ouvrages de protection, etc.

SEC. II

Liens aux plans d'études Formation professionnelle: Plan d'études cadre Domaine Société: aspects Economie (monde du travail), Ecologie, Ethique. Maturité professionnelle : Plan d'études cadre pour la maturité professionnelle Domaines spécifiques: Sciences sociales, Economie et Droit. Ecoles de maturité: Plan d'études cadre Domaine d’études sciences humaines et économiques. Écoles de culture générale: Plan d'études cadre pour les écoles de culture générale Troisième domaine d'études: Sciences humaines et sociales.
Séquences d'enseignement
	Division du travail et commerce Cette séquence d'enseignement aborde la question de savoir à quoi pourraient ressembler une division du travail et un commerce durables. -Il s'agit d'une extension du module d'enseignement du même nom d'Iconomix. -Vue d’ensemble des arguments -Cartes des rôles -Déroulement de l’enseignement -L’EDD en bref
Ressources pédagogiques et films
	Esclaves (film et matériel pédagogique) Abuk, une fillette de 9 ans et Machiek, un garçon de 15 ans originaires tous deux du Soudan du Sud ont été victimes de l’esclavage d’enfants et de la traite des êtres humains. Dans le film, ils racontent leur histoire bouleversante.
	Le pouvoir du design (film et matériel pédagogique) Le film fait le portrait d’une nouvelle génération de designers qui sont conscient.e.s de la destruction de l’environnement et du changement climatique. Il soulève une question : en quoi le design peut-il contribuer à résoudre les problèmes qu’il a en partie lui-même créés.
	Angelus novus (film et matériel pédagogique) Une famille de réfugiés d’origine afghane est arrivée depuis peu en Turquie où elle s’est installée provisoirement. Ali, un garçon d’environ neuf ans, va à l’école. L’après-midi, il travaille comme cireur de chaussures avec son frère cadet Mohammad afin de gagner un peu d’argent pour vivre et financer la suite du voyage.
	The True Cost (film et matériel pédagogique) La version courte du documentaire met l’accent sur les mécanismes économiques et psychologiques de l’industrie du « Fast fashion » et les conditions de travail des ouvrières et ouvriers du textile au Bangladesh.
	Ceux qui travaillent (fiche e-media)  Froid et bosseur, Frank consacre sa vie au travail. Suite à une décision brutale, il perd son emploi mais laisse croire à sa famille qu'il se rend à son bureau. Le dossier d'accompagnement propose une exploration du monde du travail.
	Les robots parmi nous Les robots remettent en cause la manière dont nous travaillons et vivons ensemble, mais, plus fondamentalement encore, ils nous interrogent sur ce qui fait de nous des êtres humains.
	Le rôle des plateformes numériques dans la transformation du monde du travail Le rapport du BIT examine comment les plateformes numériques de travail transforment le monde du travail et comment cela affecte les employeur.e.s et les travailleurs.euses.
	IA de l'avenir (jeu) Ce jeu de rôle (durée 1 période) peut être une activité d'amorce. Les élèves sont amenés à réfléchir aux enjeux entourant l'utilisation de l'intelligence artificielle et à son impact sur le marché du travail.
	Découvrir le monde du café Le café est central pour le marché du travail global: plusieurs millions de personnes y sont engagées dans les secteurs de la culture, de la transformation, du transport de la vente et du marketing. Le travail et les perspectives des producteurs.trices de café au Népal sont au centre de ce dossier pédagogique.
Exemples de pratiques
	Orfèvres – que nous réserve l’avenir ? Suivant les instructions de l’animatrice de l’atelier de Design Thinking, les participant.e.s ont suivi les six étapes de la méthode. La question suivante s’est cristallisée au cours de la démarche : « Comment aimeriez-vous travailler à l’avenir en tant qu’orfèvres ? Comme se présente pour vous le poste de travail idéal ? »
	Nous construisons l'avenir Dans le cadre du projet de semestre « Nous construisons l’avenir » de l’Ecole d’Arts Visuels d’Argovie les apprenant.e.s se sont intéressé.e.s aux influences de leur activité professionnelle sur l’environnement, la société et l’économie et se sont demandé ce qu’ils et elles pouvaient améliorer sous l’angle d’un développement durable.
Activités pédagogiques d'intervenants externes
	Industries textiles et droits humains (Amnesty International section suisse) L'industrie textile est analysée sous l'angle du processus de fabrication d'un t-shirt. Cet objet usuel, par où transite-il? Que signifie "Made in Bangladesh"? Les élèves répondent à ces questions tout au long de l'atelier, à l'aide de témoignages inspirés de situations réelles. Ils identifient les étapes de la chaîne de production et ses acteurs.trices.
	Semaines de projet en forêt (Atelier forêt de montagne) Sous la conduite de professionnel.le.s de la forêt formé.e.s pédagogiquement, les participant.e.s effectuent différents travaux utiles à la gestion durable des forêts de montagne: soin aux jeunes peuplements, abattage d'arbres, réfection de sentiers ou de murs, ouvrages de protection, etc.

INFORMATION DE BASE

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L’Education en vue d’un développement durable (EDD) aide entre autres à mieux saisir la complexité d’un sujet dans une perspective durable. À cet effet, des connaissances de base quant au fond s’avèrent indispensables. C’est pourquoi le texte suivant propose une vue d’ensemble de la thématique.

1. La notion de travail

Le dictionnaire définit la profession, le métier, comme un travail que l’on a appris ou une activité grâce à laquelle une personne gagne de l’argent. Un synonyme est le travail rémunéré. Les exemples suivants montrent bien que ce dernier se distingue fondamentalement d’un travail non rétribué : quand quelqu’un ramasse bénévolement les déchets qui traînent dans un parc public, beaucoup de personnes ne voient pas cela comme du travail. Souvent, le fait de voir quelque chose comme un travail ou pas est lié à la question des recettes financières qui en résultent. Se brosser les dents n’est généralement pas considéré comme un travail. Une personne qui est employée dans un bureau moderne et améliore peut-être ainsi son bien-être matériel travaille. La lutte pour la survie dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs préhistoriques n’est pas considérée comme un travail. Dans un premier temps, la notion de travail est liée au fait qu’il s’agit d’un travail rémunéré ou non. Alors que le travail rémunéré s’est développé surtout dans le contexte de l’industrialisation, on a travaillé depuis toujours dans les sociétés, que ce soit sous la forme de travail domestique, familial ou volontaire. Le terme travail peut donc être défini de plusieurs manières : le travail est une activité qui comporte différentes tâches, l’exécution d’un mandat ou autre. Mais il inclut aussi la création, le fait d’être actif, le fait de s’occuper de quelque chose ou de quelqu’un. Et puis, il faut relever aussi sa signification dans l’évolution de la langue. Concernant le terme travail, il convient de noter qu’il est connoté de manière négative. En ancien français travail signifie peine, tourment, fatigue, souffrance. Cette signification coïncide avec le mot latin laborare qui se rapporte aux activités physiques épuisantes des esclaves dans l’Antiquité. À l’opposé, il y avait les artisans. Ils créaient des choses et occupaient une position plus élevée dans la société en raison de leur savoir-faire spécifique. Dans ce contexte, on utilisait le terme facere, faire quelque chose, créer. Dans l’Antiquité grecque, les hommes avaient pour objectif l’oisiveté, c’est-à-dire n’avoir aucune forme de travail à exécuter, avoir du temps libre. C’est pourquoi les travaux domestiques ne sont guère mentionnés dans les sources antiques : il s’agit là d’un travail nécessaire qui devait être exécuté pour les maîtres par des esclaves ou des femmes. Si le travail au sens de laborare avait une connotation positive déjà dans l’Antiquité et surtout au Moyen Âge, cela peut s’expliquer par l’extension du christianisme. Alors que les citoyens libres ne travaillent pas dans l’Antiquité à l’instar de leurs dieux, les chrétiens se rapprochaient de Dieu par le travail qu’ils accomplissaient. On était soucieux de mener une vie agréée par Dieu afin d’être récompensé dans l’au-delà après la vie terrestre. Dans le protestantisme surtout, le travail ne servait pas seulement à assurer sa subsistance mais était une raison d’être. De ce fait, la valeur sociale d’une personne augmentait si elle travaillait beaucoup. C’est ainsi que se construisait l’identité, ce qui se reflète encore aujourd’hui dans le langage usuel. Quelqu’un est boulanger.ère, est spécialiste en finance, est agriculteur.trice, est enseignant.e. Les formulations telles que « Je travaille comme informaticien.ne » sont rares. Au 17e et au 18e siècles, les activités différentes appartenant aux catégories laborare et facere ont été réunies pour devenir labour en Angleterre et travail en France. Ceci s’explique par la multiplication des manufactures. Sur ces sites de production, des artisan.ne.s doté.e.s de savoir-faire divers travaillaient pour obtenir un produit commun. Leurs compétences se transformaient souvent en un travail très spécialisé mais monotone. Avant l’industrialisation, les hommes comme les femmes effectuaient souvent du travail à domicile, que ce soit dans la maison, dans la ferme, dans la famille ou dans l’artisanat. C’est l’industrialisation qui a déplacé toujours plus le travail hors du foyer familial. À la différence de laborare dans l’Antiquité, l’utilisation du mot travail a aujourd’hui un large spectre de significations. Le dictionnaire Le Robert définit par exemple le travail comme une activité humaine organisée et coordonnée dans un but de production. Outre d’assurer la subsistance et de satisfaire à certains besoins, le travail est aussi un facteur essentiel d’accomplissement. Mais ces visées ne s’appliquent pas à chaque travail. Une personne qui, en Suisse, a par exemple plusieurs millions de francs sur son compte mais conserve néanmoins son emploi n’a plus besoin de travailler pour assurer sa subsistance. Ou une personne qui est constamment mise sous pression par sa ou son supérieur.e hiérarchique ou ne cesse de subir des humiliations, qui se voit contrainte de faire des heures supplémentaires et qui n’a aucun plaisir à travailler, ne peut pas y voir le sens de sa vie. Les conditions de travail se sont toutefois améliorées pour beaucoup de personnes au cours des derniers siècles. Néanmoins, les luttes persistent pour améliorer les conditions de travail, tant en Suisse qu’ailleurs dans le monde. Les raisons sont multiples : possibilités de télétravailler, conventions collectives de travail, lutte contre le travail des enfants, obtention de conditions de travail décentes et humaines. Un paradoxe apparaît dès lors : d’un côté, le travail semble essentiel à la vie ou en tout cas comme moyen de subsistance, de l’autre, il apparaît comme un facteur qui détruit la vie. Que l’on songe au stress, au surmenage, aux blessures ou aux signes d’usure physique de tout genre. En bref : le travail est une notion complexe et doit toujours être considéré dans son contexte. Au 20e et au 21e siècles surtout, le sens du travail a changé pour beaucoup de personnes : le travail a cessé de servir uniquement à assurer sa subsistance ou de poursuivre une autre utilité concrète. Le sens subjectif du travail a pris de l’importance. Les gens cherchent une satisfaction, un accomplissement dans leur travail, du sens. Auparavant, ces visées ne prenaient pas une telle importance. C’est pourquoi beaucoup de personnes ne voient pas le travail aujourd’hui uniquement comme quelque chose de dur ou de pénible mais, dans le meilleur des cas, comme une chose sensée. Une personne qui travaille souhaite y voir un sens sous une forme ou une autre, si ce n’est pas pour la société, l’environnement ou l’économie, à tout le moins pour elle-même. L’augmentation des exigences, des besoins et des aspirations à l’endroit du travail rémunéré n’émane pas seulement des individus. Les organisations patronales exigent aussi davantage : plus de motivation, plus de créativité, plus de flexibilité, etc. Sources Duden. Das Herkunftswörterbuch (2020). 6. Auflage. Duden. Die deutsche Rechtschreibung (2020). 28. Auflage. Fink, Michael (2022): Wenn ich gross bin, werde ich…. Beltz Verlag. IPCC (2015): Fünfter Sachstandsbericht des Zwischenstaatlichen Ausschusses für Klimaänderungen der UN: Klimawandel: Was er für die Arbeit und Beschäftigung bedeutet. Le Robert, dictionnaire en ligne (consulté le 13.02.2023) Portail lexical du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 13.02.2023). Precht, Richard David (2022): Freiheit für alle. Das Ende der Arbeit, wie wir sie kannten. Goldmann, München.

2. Le travail des enfants

La question des conditions de travail et de leur respect de la dignité humaine se pose aussi dans le contexte du travail des enfants. En principe, toutes les formes de travail pour lesquelles les enfants sont trop jeunes ou qui sont trop dangereuses et assimilables à de l’exploitation relèvent de la catégorie « travail infantile ». En font partie l’esclavage, le travail forcé, le recrutement comme soldat.e.s, la prostitution enfantine ou le trafic de drogue faisant appel à des enfants. En bref : le développement physique et psychique devrait être préservé et la fréquentation d’une école pouvoir se poursuivre. L’Agenda 2030 a pour but d’abolir toutes les formes de travail des enfants d’ici à 2025. Des tâches courantes, par ex. une aide aux tâches domestiques, ne font pas partie de la catégorie « travail des enfants ». L’UNICEF et l’Organisation internationale du travail (OIT) estiment à 160 millions le nombre d’enfants engagés dans du travail infantile ; plus de la moitié ont moins de douze ans et les deux tiers sont employés dans l’agriculture. Dans les statistiques, le nombre des garçons est généralement plus élevé ; ceci s’explique sans doute par le fait que les filles effectuent souvent des travaux domestiques qui ne figurent pas dans les statistiques. Et près de la moitié des enfants concernés connaissent des conditions de travail où ils sont exploités ou exposés à des dangers, par exemple dans les mines d’or du Burkina Faso, dans les champs de coton en Inde, dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire ou dans des domaines agricoles en Amérique latine. De manière générale, la plupart des enfants ne sont pas employés mais travaillent dans le cercle familial. Alors que le nombre des enfants qui travaillent s’est abaissé durant 20 ans, il a augmenté de nouveau ces dernières années de plus de huit millions. Et la pandémie de coronavirus a mis en danger plusieurs millions d’autres enfants. Elle a causé et cause encore une hausse de la pauvreté, ce qui va de pair avec une recrudescence du travail des enfants. La situation est encore aggravée par des conflits régionaux, par ex. des guerres, et des catastrophes naturelles. Leur nombre a le plus augmenté en Afrique subsaharienne, tandis qu’à beaucoup d’endroits, il a nettement reculé (Asie, Pacifique, Amérique latine, Caraïbes). En principe, plusieurs facteurs conduisent au travail infantile, en premier lieu la pauvreté. Mais il se peut aussi que l'enfant soit séparé de ses parents, orphelin ou contraint d'abandonner l'école pour pouvoir travailler en raison de la sécheresse ou d'autres catastrophes naturelles. Dans les périodes de dénuement, de nombreux enfants travaillent au lieu d’aller à l’école, car ils fournissent une contribution importante à la subsistance de la famille. Beaucoup de familles n’ont pas le sentiment de commettre une erreur dans de tels cas ; en fin de compte, le travail peut aussi renforcer la cohésion dans les familles et les communautés, dans la mesure où il ne relève pas de l’exploitation. Le moyen le plus efficace de mettre fin au travail des enfants (qui les exploite) consiste à rappeler aux gouvernements leurs responsabilités. Les institutions éducatives peuvent elles aussi aider les enfants et les jeunes à acquérir une bonne formation ou à trouver une profession. Et si les entreprises respectaient les principes de l’UNICEF, il n’y aurait plus de chaînes d’approvisionnement incluant le travail des enfants et l’activité de l’entreprise aurait des effets positifs sur la vie des enfants, des familles et des communautés sous la forme de salaires convenables, d’horaires de travail adaptés aux familles et de bonnes structures pour la garde des enfants et la promotion de la santé du personnel. Mais les consommateurs.trices peuvent aussi contribuer à réduire le travail des enfants en s’interrogeant de manière critique sur les conditions de fabrication des produits qu’elles et ils acquièrent et en modifiant leurs pratiques d’achat. Mais le travail des enfants n’existe pas seulement dans d’autres régions du monde. La Suisse a connu elle aussi le travail infantile par le passé : le travail des enfants est certes interdit en Suisse depuis le 19e siècle, mais jusqu’alors, des enfants trimaient dans les fabriques jusqu’à l’épuisement. Les familles ouvrières considéraient le travail de leurs enfants comme une chose normale. Déjà avant l’industrialisation, les enfants travaillaient à la maison ou dans les champs : ils aidaient comme ils pouvaient. Pour beaucoup de familles, leur aide était essentielle. Les enfants n’étaient toutefois pas exploités alors comme ils l’auraient été durant l’industrialisation. Le travail à la fabrique requérait en général moins de force car il fallait surtout amener les fils dans la machine à tisser. Mais le travail continu et monotone consistant à mettre les fils dans les aiguilles à broder occasionnait des maux physiques tels que dos voûté et mauvaise vue. Et certaines familles installaient chez elles des métiers à tisser ou des machines à broder ; cela signifiait pour les enfants qu’ils devaient travailler le matin avant d’aller à l’école, pendant la pause de midi et le soir après l’école, voire la nuit, ce qui pouvait représenter jusqu’à six heures par jour, sans compter les devoirs scolaires et la fréquentation de l’école. En Suisse aussi, les enfants étaient considérés dans les familles ouvrières comme une main d’œuvre. En raison des bas salaires, les familles avaient besoin d’un revenu supplémentaire. Et les entreprises profitaient elles aussi des enfants travailleurs car ils coûtaient nettement moins cher. C’est en 1877 que fut introduite la première loi fédérale sur les fabriques qui interdisait en particulier le travail des enfants en Suisse. Mais au Tessin, par exemple, des enfants travaillaient encore dans les fabriques 20 ans après l’entrée en vigueur de la loi. C’est dans les fermes surtout que beaucoup d’enfants ont continué de travailler comme « enfants placés ». Sources UNICEF: Kinderarbeit – Fragen und Antworten (2022): Kinderarbeit: Die wichtigsten Fragen & Antworten | UNICEF (consulté le 22.11.2022) Swissinfo; Unterfinger, Ester; Gotsch, Lars (2017): Die gestohlene Kindheit der «Fabriklerkinder» (consulté le 23.11.2022)

3. Le travail des femmes

L’interprétation de la notion de travail en fonction du contexte apparaît aussi dans l’expression travail féminin. Au 19e siècle, la femme en tant que travailleuse et ouvrière, a pris une place de plus en plus importante dans les discussions portant sur la décence, la moralité et la légitimité de son travail rémunéré. On estimait que ses obligations domestiques et familiales étaient en danger. Bien que l’on ait souvent cité le genre pour expliquer les différences entre hommes et femmes sur le marché du travail, ces disparités peuvent aussi être mises en relation avec les fluctuations de l’économie, les variations du rapport entre l’offre et la demande ou d’autres mécanismes du marché de l’emploi. L’industrialisation avait besoin par exemple de beaucoup de main d’œuvre supplémentaire dans les fabriques. Il faut préciser que beaucoup de femmes effectuaient déjà un travail rémunéré à la maison avant l’industrialisation. Cela ne veut pas dire qu’elles pouvaient en même temps satisfaire à toutes leurs obligations domestiques. Les couturières avaient en général une mauvaise rémunération, à la pièce. Si elles voulaient s’en sortir financièrement, il ne leur restait pas de temps pour les tâches ménagères. Et il convient de relever aussi que déjà avant l’industrialisation, les femmes travaillaient aussi hors de la maison, par exemple comme marchandes sur les marchés. Elles faisaient aussi du commerce, du porte-à-porte ou avaient une activité de potières. Si elles ne pouvaient par concilier leur travail avec l’éducation de leurs enfants, elles les confiaient souvent à une nourrice. Finalement, l’industrialisation au 19e siècle n’a pas conduit d’un travail domestique à un travail rétribué hors de la maison mais à un changement de la place de travail, respectivement du type de travail. Il n’y a donc pas eu de rupture radicale entre la maison et le travail. Le point culminant du travail à la maison a eu lieu dans les faits vers 1890. En même temps, le travail de bureau s’est développé à cette époque en raison de l’essor du secteur du commerce et des services. Et comme beaucoup de femmes étaient déjà actives auparavant plutôt dans le secteur des services que dans la production, des femmes célibataires souvent jeunes ont été recrutées pour du travail de bureau. Elles coûtaient également aux entreprises sensiblement moins que des hommes. La mauvaise rémunération était justifiée par une productivité soi-disant plus faible. Et quand les femmes travaillaient quelque part pour des bas salaires, ce fait était utilisé comme preuve qu’elles étaient moins productives. C’est ainsi que s’est établi peu à peu un travail féminin spécifique qui correspondait, prétendait-on, à leurs capacités et à la prétendue productivité naturelle des femmes. Concernant le travail de bureau proprement dit, il s’agissait d’activités répétitives et d’une certaine soumission envers les employeurs qui donnaient des ordres. De ce fait, c’est surtout ce domaine professionnel qui a défini les traits essentiels du travail des femmes. Dans certains pays, la répartition entre travail des femmes et travail des hommes a même été inscrite dans la législation. Les pratiques des employeurs.euses contribuaient aussi à créer des emplois genrés, par le fait que pour les postes décrits proposés, on cherchait par exemple spécifiquement des jeunes femmes non mariées. Le travail féminin est donc une construction sociale. Aujourd'hui, des revendications émergent au niveau politique et social sur la notion de travail de care effectué par les femmes : garde des enfants, tâches ménagères, soutien aux personnes âgées. Ces tâches ne sont pas rémunérées mais jouent cependant un rôle très important dans le fonctionnement économique et social. Pour pouvoir s'acquitter de ces nombreuses tâches, de nombreuses femmes doivent travailler à temps partiel. Le travail à temps partiel est souvent corrélé à de moins bonnes conditions de travail, que ce soit en termes de revenus, de perspectives de carrière, d'horaires irréguliers et de rentes plus basses. En outre, il existe toujours un écart de rémunération important entre les hommes et les femmes, en grande partie non objectif, ce qui constitue une discrimination salariale à l'encontre des femmes. Sources Precht, Richard David (2022): Freiheit für alle. Das Ende der Arbeit, wie wir sie kannten. Goldmann, München. Scott, Joan W. (1994): Die Arbeiterin. In: Duby, Georges; Perrot, Michelle (1994): Geschichte der Frauen. Campus Verlag. Seiten 451-479.

4. La transformation du travail au 20e et au 21e siècle

Qu’il s’agisse de travail rémunéré ou non rétribué, le monde du travail a changé. La cause ne peut pas être réduite à une seule raison. De nombreux facteurs interviennent. Une première raison se situe dans le progrès technologique. À part des inventions essentielles comme celle de l’outil ou de la roue, ce sont surtout les révolutions industrielles qui ont marqué et marquent encore le monde du travail. La première révolution industrielle au 18e et au 19e siècle a accru la productivité par l’invention de la machine à vapeur. Grâce à cela, il était possible par exemple d’actionner des rouets et des métiers à tisser qui effectuaient certaines étapes du travail. La division du travail qui en résulta abaissait les exigences en matière de savoir-faire et simplifiait le travail. Durant la seconde révolution industrielle, au 19e et au 20e siècle surtout, l’électrification a permis l’invention de l’ampoule lumineuse, du moteur à combustion, du générateur et du travail à la chaîne. La production en chaîne, par exemple celle des voitures, a fait éclater le cadre de production antérieur et a entraîné une production de masse de la grande industrie qui exigeait beaucoup de personnel pour des activités routinières. Durant la seconde moitié du 20e siècle, c’est l’ordinateur qui a été à l’origine de la troisième révolution industrielle. L’ordinateur a continué d’étendre l’automatisation partielle des étapes du travail et a permis les premières commandes programmables exécutées entièrement par des robots. Et depuis l’invention d’Internet et du smartphone, la quatrième révolution industrielle - en l’occurrence numérique - s’empare de nombreux domaines de la vie privée et professionnelle. Internet permet de relier des ordinateurs et des machines, ce qui fait une fois encore progresser le processus d’automatisation. Car les capacités de calcul plus étendues des ordinateurs permettent un travail plus ciblé, plus efficace et meilleur marché, avant tout par le biais des algorithmes et de l’intelligence artificielle. Deuxièmement le changement structurel de l’économie entraîné par les crises et la mondialisation a influencé de son côté le monde du travail et la consommation : après la Première Guerre mondiale, le travail à la chaîne a généré, dans les pays occidentaux, une production de masse standardisée. Cela signifiait concrètement que les machines et les humains participaient à la production de biens en général par le biais d’une seule fonction. Citons comme exemple le fabriquant d’automobiles, Henry Ford, qui a donné son nom à cette production industrielle de marchandises : le fordisme. Vers 1980, ce type de production de masse a traversé une crise dans de nombreux pays occidentaux. Une raison à cela était la crise du pétrole. La demande a reculé, tout comme la productivité. Beaucoup de gens ne voyaient plus de sens dans leur activité professionnelle. À cela s’ajoutaient des innovations technologiques et une concurrence internationale croissante. Cette crise a débouché sur une ouverture des marchés. Les activités du secteur industriel surtout ont été délocalisées et reprises par d’autres régions, par exemple l’Asie. Dans les pays occidentaux en revanche, c’est le secteur des services et la société du savoir sous toutes ses facettes qui se sont développés. Les crises économiques et les interdépendances au niveau mondial ont ainsi conduit à un changement fondamental du monde du travail. L’évolution d’une économie industrielle vers une économie axée sur les services et le savoir – comme c’est le cas de la Suisse – joue ici un rôle essentiel. De nombreuses industries ont été délocalisées dans les pays en développement et les pays émergents. Ces derniers sont les fournisseurs de la consommation en Suisse ou de notre industrie hautement technologique. La mondialisation est donc un facteur crucial du changement de l’économie et du monde du travail ; elle joue aussi un rôle marquant si l’on considère les problèmes liés au développement durable. Une troisième raison qui recèle une grande importance pour la société, c’est le changement climatique. Dans les pays en développement, septante pour cent de la population pauvre vit dans un environnement rural. Le réchauffement du climat risque de détruire leurs bases de subsistance : des événements météorologiques extrêmes plus fréquents comme les sécheresses et les tempêtes violentes réduisent le rendement des récoltes. En outre, les températures plus élevées ont un effet négatif sur la santé physique. Le risque d’accident augmente, la productivité au travail diminue, de même que le volume des récoltes. Ceci a pour effet un recul des recettes. C’est pourquoi beaucoup de gens voient la solution dans un exil vers un milieu urbain. Actuellement, on observe dans presque tous les pays une concentration croissante des richesses, des activités économiques et de la population dans les zones urbaines. Alors qu’en 2009, 3,4 milliards de personnes vivaient dans une ville, à l’échelle du globe, elles seront probablement 6,3 milliards en 2050, presque deux fois plus. De ce fait, de nouveaux défis se présentent. Mais le changement climatique a aussi des conséquences dans des pays comme la Suisse. La question de la durabilité est très présente dans le public. Ceci a pour conséquence que l’on attend de plus en plus, de la part des entreprises, qu’elles adoptent des pratiques plus durables. Une pression s’exerce par exemple pour que l’on produise avec une plus grande efficacité énergétique, en ménageant les ressources et en utilisant des énergies renouvelables. De nombreuses entreprises se trouvent face à de gros changements qui exigent de leur part beaucoup d’adaptations, comportent des risques mais offrent aussi de nouvelles possibilités. L’une d’elles réside dans la création de nouvelles professions dites vertes qui prendront de plus en plus d’importance, également dans les pays développés. Il s’agit d’activités qui ont un sens dans une perspective économique mais aussi sous un angle écologique et sociétal ; c’est le cas des recycleurs et recycleuses. Par ailleurs, le secteur du bâtiment, dans les villes surtout, peut contribuer à rendre les infrastructures plus efficaces en énergie et plus résistantes. Le secteur de l’énergie peut lui aussi miser sur les énergies renouvelables et des sites d’approvisionnement décentrés, apportant ainsi sa contribution à un monde plus durable. Et, point essentiel, des services sont nécessaires pour les adaptations au réchauffement du climat, ce qui va créer des emplois. Alors que le réchauffement climatique entraîne la perte de certains emplois, la protection du climat peut en créer de nouveaux. Il est difficile de prévoir ce que cela représentera précisément du point de vue quantitatif. Une quatrième raison doit être cherchée dans la transformation du sens du travail. Pour beaucoup de personnes, la liberté - et donc les loisirs - semble un bien plus important que le travail. Nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui aspirent à davantage de temps libre. Et quand il faut travailler, cela doit au moins avoir un sens. Le travail que l’on fait doit avoir un sens, une certaine utilité pour la personne ou une certaine importance. En même temps, certaines contradictions subsistent dans le monde du travail : la mutation du monde du travail – par exemple en raison des innovations technologiques – ne génère pas seulement davantage de temps pour les loisirs ; elle accroît aussi la crainte d’une perte d’emploi, du chômage. Ce ne sont là que quelques-unes des raisons : la liste pourrait être allongée. Notons aussi que ces raisons agissent souvent simultanément et s’influencent mutuellement. Sources Fink, Michael (2022): Wenn ich gross bin, werde ich…. Beltz Verlag. IPCC (2015): Fünfter Sachstandsbericht des Zwischenstaatlichen Ausschusses für Klimaänderungen der UN: Klimawandel: Was er für die Arbeit und Beschäftigung bedeutet. Precht, Richard David (2022): Freiheit für alle. Das Ende der Arbeit, wie wir sie kannten. Goldmann, München.

5. Autres ressources

Les sources suivantes fournissent des informations complémentaires sur certains aspects du sujet. Améiorer l’emploi pour améliorer le monde Ce dossier aborde la question de la réalisation du travail décent dans le monde et des défis à relever pour y parvenir. Emploi et questions scoiales dans le monde 2021 Ce résumé d'un rapport de l'Organisation internationale du travail décrit le rôle des plateformes numériques de travail dans la transformation du monde du travail. Baromètre de travail Randstad 2022 Le dernier Baromètre de l'emploi montre, à travers quatre constats clés, comment les jeunes générations révolutionnent le marché du travail. Le travail bénévole en Suisse en 2020 Ce rapport de l'Office fédéral de la statistique met en évidence l'engagement bénévole de la population suisse. Conciliation travail et famille, travail non rémunéré Cette page de l'Office fédéral de la statistique montre, à l'aide de données actuelles, comment concilier travail et famille en Suisse. L'accent est surtout mis sur la répartition des tâches entre les femmes et les hommes.

publié le 23.02.2023